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Dark Waters

Le dernier long-métrage du réalisateur Todd Haynes (connu pour Carol, sorti en 2015), est en salles depuis le 26 février 2020. Un drame juridique, inspiré de l’histoire vraie de Robert Bilott, l’avocat qui a mis le géant industriel DuPont à genoux.


Ci-dessus, Mark Ruffalo dans le rôle de Robert Bilott.


Un simple procès transformé en scandale sanitaire

Sous ses airs de remake d’un Erin Brokowich à la Todd Haynes, Dark Waters intrigue. Début des années 1990, Robert Bilott vient à peine de rentrer en tant qu’associé au renommé cabinet d’avocats Taft qu’il voit débarquer dans son bureau Wilbur Tennant, fermier tout droit venu de Virginie Occidentale, là où vit la grand-mère de Robert. Ses vaches meurent les unes après les autres dans d’atroces souffrances : organes gonflés, cancers, agressivité...Pour Tennant, le responsable de la mort de son exploitation de vaches est sans aucun doute le site d’enfouissement des déchets d’une des usines DuPont, situé en amont de sa ferme. Rapidement, ce qui devait être une simple affaire litigieuse entre un géant de l’industrie et un fermier de Virginie devient un véritable scandale.


Procès après procès, poursuites après poursuites, Robert Bilott n’en démord pas : à lui seul (ou presque), il tient tête à l’un des plus grand géants industriels de la planète et la raison de cette détermination, c’est le PSOA ou C-8. Une composition chimique et toxique créée par l’Homme, utilisée pendant la Guerre de 45 pour imperméabiliser n’importe quel objet, avant d’être utilisé dans les poêles en Teflon, les moquettes pour bébés…DuPont empoisonne ainsi plus de 70 000 habitants en Virginie, mais aussi, tous les consommateurs de ses produits et ce, en parfaite connaissance de cause depuis des décennies.


Si Mark Ruffalo (Robert Bilott) est époustouflant dans sa performance et que la majorité du scénario se concentre sur lui, il est brillamment secondé par Anne Hataway (sa femme, Sarah Barlage Bilott), par son chef Tim Robbins (dans le rôle de Tom Terp) au soutien infaillible et par Bill Camp (dans le rôle de Wilbur Tennant, à gauche sur la photo), à l’initiation de toute cette affaire. Un quatuor qui fonctionne aussi bien à l’écran que dans leurs rôles respectifs, tous déterminés à établir la vérité sur une crise sanitaire sans précédent.

Dénoncer le profit réalisé par les industriels au prix de la santé des consommateurs

Si ce film est réussi, il n’est pas anodin. Par le choix de ce scénario Mark Ruffalo (producteur) et Todd Haynes (réalisateur) sonnent l’alarme : le PSOA n’est qu’une substance parmi tant d’autres, encore autorisée en 2020 et avec elle, 600 autres compositions chimiques soupçonnées d’être les responsables de nombreuses maladies incurables chez l’être humain (cancers, cholestérol, système immunitaire affaibli...). Une mise en lumière d’un scandale dont on parle trop peu, bien que très récent et toujours d’actualité. Pourtant, en 2016, Nathaniel Rich, journaliste, publie dans New York Times un article intitulé "L’avocat qui est devenu le pire cauchemar de DuPont" et en découle un véritable engouement. Par ce long-métrage, le duo Haynes-Ruffalo montre que l’argent et le pouvoir n’ont aucune morale : pour enrichir une poignée de privilégiés et maintenir un marché financièrement florissant, on banalise le fait de sacrifier des dizaines de milliers de vies et d’en intoxiquer des millions d’autres des siècles durant aux produits chimiques. Le règne de l’industrie et de l’injustice dans notre société sous couvert de l’argent que cela rapporte, voilà ce qui est pointé du doigt dans ce chef d’œuvre.

Bien que sorti le 26 février, avec la fermeture des cinémas pendant la crise sanitaire, Dark Waters est encore projeté dans certains cinémas (surtout ceux d’Art & Essais).

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